Quand Julia parle de ses projets et de toute la passion qu’elle y met, on l’écoute sans ciller. Pour cette ex-journaliste culinaire, ouvrir une épicerie dans les artères de Noailles a sonné comme une évidence, un besoin « viscéral », une démarche presque politique. « Ce quartier de la mixité pure fait écho à mon éducation. Nulle part ailleurs, je n’aurais souhaité laisser s’exprimer mes origines tunisiennes et siciliennes ». Forte du succès de l’Idéal et une fois éprouvée la période de Covid, Julia a rendu hommage au métier de ses parents et au plaisir d’être servi à table. Toujours dans la rue d’Aubagne, « mais juste en face », elle a ouvert une grande salle à manger dont elle fait son petit théâtre : « Chaque jour, mon équipe et moi-même jouons une pièce pour un public différent ».
Dans le restaurant, on retrouve toute l’émotion de l’épicière, qui s’est appliquée à ce que chaque détail fort soit travaillé : nappes blanches, fleurs sur les tables, alcôves soignées ... Une vraie scénographie du beau, du chaleureux et du vrai. « C’est un décor de trattoria mais aussi de resto grec ou de vieille brasserie. Comme dans l’épicerie, je n’ai aucune limite à aucun territoire ». À la carte ? Des plats voyageurs donc, souvent inspirés de la Botte, qui changent chaque semaine. Mais certains de ces délices deviennent des ritournelles comme la milanaise, la pasta alla vongole et le poulet rôti du dimanche (servi avec triple mayonnaise, frites maison et salade verte bien saucée). Comme une prolongation étoffée de l’épicerie, le restaurant de Julia incite à tout partager, avec les saveurs comme baume au cœur. Un mot d’ordre bien compris de sa clientèle ; « des habitués et des voyageurs gourmands avec qui on discute de recettes et de produits pardi ! ». Un bouillon de vie qui se mélange cinq jours par semaine dans cette taverne épicurienne.